Communauté agricole « Bäuert »: tradition ancestrale ou nouvelle chance ?
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Histoire des « Bäuert »
C’est à l’époque de Charlemagne et du Capitulare de Villis que se mettent en place les premières organisations agricoles, soit vers les 8ème et 9ème siècles. Mais ce n’est qu’au 15ème siècle qu’apparaissent les groupements tels que nous les connaissons aujourd’hui, ils ont survécu aux bouleversements sociaux et aux législations et existent encore aujourd’hui, inchangés dans leur essence.
Indépendants de Berne, ils s’identifient fortement à leur terre. En effet, le droit aux biens communs n’est pas lié aux personnes et aux familles, mais aux terres et aux foyers, les gens sont donc interchangeables. Les droits sur les communs étant liés à la terre, ils font partie intégrante de la fortune privée, il en résulte ainsi l’impossibilité de dissoudre la communauté car cela nécessiterait que chaque membre donne son accord, ce qui est inimaginable. Il y a un autre aspect qui explique la survie de ces communautés, à savoir l’exploitation durable : le principe a toujours été que chacun pouvait faire paître autant de bétail qu’il pouvait faire passer l’hiver avec les meules de foin produites sur son domaine. C’était la base de l’attribution proportionnelle des droits de pâturage. Au début, ceux qui avaient plus de terres avaient plus de droits, ce n’est qu’à partir du 19ème siècle que des terres cultivables ont été partagées et mises à disposition de ceux qui n’en avaient pas. Outre les droits, il y avait et il y a toujours des devoirs : ceux qui ont des droits au sein de la communauté rurale doivent travailler un certain temps, proportionnellement à leur utilité. Le travail en commun favorise ainsi la cohésion et est créateur d’identité.
La ferme d’Adlemsried, située au-dessus de Boltigen dans le Simmental bernois, comprend environ 4 km2 de forêts et de terrains communs ainsi qu’une zone d’habitation et une zone économique.
Aujourd’hui, la « Bäuert » est un mélange intéressant de vieux camarades paysans et de nouveaux arrivants. Pourrait-elle aussi assumer de nouvelles tâches ? Par exemple des tâches dont les institutions publiques ne peuvent pas s’occuper ? Et faire ainsi de ces organisations paysannes les cellules souches d’un renouveau nécessaire de la société ?
Organisation équitable et efficace
En 2009, la professeur Ostrom reçoit le prix Nobel en sciences économiques pour ses recherches sur les « Commons » qu’elle présente comme un modèle idéal et intelligent de coopération face à l’appauvrissement des ressources planétaires permettant de renouer le lien entre les êtres humains et de redonner du sens au « nous ». À l’inverse du système financier basé sur la croissance infinie auquel beaucoup, qu’ils le veuillent ou non, sont liés, les communautés rurales se bâtissent sur le potentiel de la société civile et le principe d’organisation autonome. Depuis les années 50, des recherches scientifiques valident que ce type d’organisation est le système le plus efficace, et il en est de même pour le travail humain : une hiérarchie plate, des travaux choisis.
« Un modèle idéal et intelligent de coopération face à l’appauvrissement des ressources planétaires permettant de renouer le lien entre les êtres humains »
La communauté de Schwyz en Suisse est aujourd’hui la plus grande et la plus active, la réglementation en matière d’usage des terres, des ressources, des biens et des animaux est une préoccupation essentielle. Comme elle possède beaucoup de terres, elle est le plus grand propriétaire de la commune et assure un certain bien-être à la communauté, car elle n’applique pas le principe de maximisation des profits.
Modèle d’avenir?
Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, face aux crises financière, climatique, migratoire et à la montée des insécurités comme celle de l’emploi ou des retraites ont perdu confiance envers les institutions politiques et économiques et sont à la recherche de structures à taille humaine permettant d’avoir une vue globale, dans les mains d’acteurs plus proches d’eux. Pour mettre sur pied de telles initiatives locales, il faut avant tout du courage, des connaissances et de la persévérance. Ces dernières années de nombreux projets ont vu le jour comme des « transition towns », des monnaies locales, des projets d’encadrement de personnes âgées ou malades (projet KISS)… Et pour les fondateurs de telles missions, rien n’est fixe, tout est toujours en mouvement et exige flexibilité et remise en question, et c’est justement ce qui les porte et les motive à trouver de nouvelles alternatives à l’ancien système sans avenir. Ces nouvelles formes de propriété collective, solidaires et locales, n’impliquent pas forcément moins d’intervention de l’État mais nécessitent surtout une prise en compte juridique, en particulier, pour faire face au monopole de certaines entreprises qui empêchent certains de ces projets de voir le jour.
Liens
Genossenschaften. Uralt und immer noch lebendig. Einsichten # 5, Seite 10 → [version allemande]
Lien wikipédia utile : wikipedia, Bäuert →
Pour en savoir un peu plus sur l’histoire de la communauté de Boltigen :
– Berner Zeitschrift für Geschichte und Heimatkunde, Band 37, 1975 (Boltigen) → [version allemande]
– Historisches Lexikon der Schweiz, Boltigen → [extrait en français] En 1990, 44% de la population active de Boltigen travaillait dans l’agriculture.
Sur la communauté de Unterägeri :
https://www.korporation-unteraegeri.ch/geschichte